Lors de la Journée internationale des femmes, on parle toujours d’un monde où les femmes ont encore un chemin à parcourir : le football. Dans le football, les femmes ont réussi quelques défis durant les dernières années, mais doivent militer pour plus d’égalité et d’importance pour la présence de la femme dans le sport en général.
Pour connaître davantage ce que c’est d’être une footballeuse dans une ligue féminine, nous avons parlé avec la joueuse du Malaga C.F. Carmen Gomez, qui a reçu le mois dernier le prix « Reconocidas », un prix décerné par la Diputation de Malaga aux femmes qui luttent pour l’égalité. Carmen fréquente encore l’institut, mais c’est un pilier fondamental de la première équipe féminine du Malaga C. F., une section soutenue par le club.
Valoriser davantage le rôle de la femme dans le sport
Le sport est un monde où les hommes ont plus d’impact, les compétitions féminines n’ont pas la même répercussion dans les médias, en dépit du fait qu’elles nous ont donné la plus grande satisfaction durant les derniers Jeux, et que la sélection féminine a disputé pour la première fois un Mondial en 2015.
« Dans le sport, la femme reçoit très peu d’aide, et elle n’est pas valorisée comme il se doit. Avec le temps, et surtout l’effort, elle est en train d’être récompensée, mais c’est encore loin de ce qu’elle mérite » ainsi se montre catégorique Carmen, qui pense aussi que la société « donne plus de reconnaissance aux sports masculins qu’aux sports féminins ».
En cela, elle coïncide avec la cycliste espagnole Sheyla Gutierrez, qui lors d’un interview accordé au journal El País, a déclaré que dans le cyclisme « le chemin est similaire, vous devez travailler et progresser et à la fin vous saisissez votre chance, tout comme les hommes », mais malgré la similitude du parcours « la différence est que nous savons que nous ne pouvons pas gagner la vie avec cela. »
Femmes aux postes de prise de décision dans les confédérations continentales ou dans les sports olympiques en Europe 2015
Fuente: EIGE. Instituto Europeo de la Igualdad de Género.
Les cas de discriminations, comme celui que nous avons connu il y a quelques semaines lorsque l’équipe masculine a insulté et a provoqué la suspension d’un match de deux ligues féminines en Espagne, ne favorisent pas l’amélioration qu’on cherche pour atteindre la parité entre les compétitions masculines et féminines.
« Cela me semble incroyable que dans les temps qui courent il existe encore des cas pareils ou même pires. Tout cela arrive, parce que ceux qui ont le pouvoir de faire quelque chose ne font rien. Du moment que cela continue ainsi, nous continuerons à souffrir malheureusement des cas pareils » nous a commenté Carmen à propos des évènements qui ont lieu de nos jours.
Un meilleur soutien du sport féminin de la part de tous
En Espagne, le football féminin a connu une légère progression, grâce à une ligue plus organisée et un sponsor important derrière, mais pour Carmen c’est encore insuffisant. La joueuse du Malaga voit un avenir prometteur, car elle pense que « maintenant, tout le monde se rend compte que le football féminin et le sport en général peuvent être similaires à ceux des hommes », une réflexion qui repose sur le grand succès des sportives dans les Jeux olympiques de Rio.
Son équipe a une histoire chargée d’émotions. L’Atlético Malaga, équipe doyenne du football féminin andalou, a commencé à faire partie du Malaga C.F. en été 2016, une action qui a prouvé l’engagement de l’entité blanc-bleu envers le football féminin.
Depuis, l’équipe lutte pour revenir à la catégorie supérieure et répéter le succès de 1998, année où elle a remporté la Coupe d’Espagne féminine du football, la ligue et la Supercoupe d’Espagne. « Nous avons beaucoup de soutien de la part de l’entité, ces dernières années c’est beaucoup mieux, nous espérons que cela continuera », a confirmé Gomez.
Reconnaissance de son combat pour l’égalité
Cette année, Carmen a reçu un titre qui reconnaît non seulement son exploit dans le sport, mais aussi sa lutte quotidienne pour l’égalité des sexes, le prix « Reconocidas 2017 » dans la modalité du sport.
La Diputation de Malaga est chargée de décerner ces prix, une reconnaissance qu’elle n’attendait pas et qu’elle a reçue avec beaucoup de joie. « C’était très important pour moi, quand ils m’ont appelé pour me le communiquer je n’y croyais pas. »
En dépit de sa joie, Carmen espère que dans peu de temps, on aura plus besoin d’offrir ce prix, car toutes les filles et femmes doivent lutter pour leurs rêves et pour ce qu’elles veulent. Par ailleurs, elle est « fière » qu’on l’ait reconnue comme « un exemple » pour les filles et les femmes sportives, en plus de l’être pour les filles qui jouent au football.
Vivre le présent et se préparer pour l’avenir
Actuellement, elle se remet d’une blessure du genou pour retourner jouer au football, sport qu’elle concilie avec ses études. Certaines personnes peuvent penser qu’il est impossible de concilier la compétition avec la formation académique, mais Carmen y arrive grâce à une bonne organisation du temps. « Le football est très important pour moi, mais vu comment sont les choses maintenant, très peu de personnes peuvent vivre de ce sport, donc les études passent en premier. »
En dépit de sa jeunesse, ses opinions reflètent une grande maturité lorsqu’on aborde des sujets aussi délicats comme le bullying, un fléau très important que nous devons éradiquer. Pour elle, le problème réside dans le fait que « nous nous obstinons à enseigner aux enfants ce qu’ils doivent faire au cas où ils souffrent de bullying et nous y dépensons plus de ressources, au lieu de fixer notre attention sur le cœur du conflit, qui consiste à enseigner à ne plus intimider. »
Le sport est un monde qui nous permet tous d’être enthousiastes, mais cet enthousiasme doit être le même pour les hommes et les femmes. Au cours des dernières années, les femmes ont réaffirmé leur rôle dans le football et dans d’autres sports, mais il reste encore des obstacles à surmonter pour atteindre une véritable égalité.